Empire

Murat à cheval

Référence : CAVALIER10

J'aimais Murat à cause de sa brillante bravoure, c'est pourquoi je lui ai pardonné tant de sottises. Napoléon à Ste Hélène

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Joachim, le cadet de douze enfants, de parents aubergistes, entreprend des études au séminaire des Lazaristes de Toulouse. 
En février 1787, à la suite d’une querelle avec un camarade, il abandonne la voie ecclésiastique pour s’engager dans un régiment de chasseurs à cheval. En deux ans, il devient maréchal des logis. Mêlé à une mutinerie, il est renvoyé de l’armée. Quand son père le voit revenir, il lui ferme sa bourse. Murat se fait épicier. 
Déjà, son panache impressionne et il est désigné par son canton pour participer à la fête de la Fédération du 14 juillet 1790. L’année suivante, il obtient d’être réintégré dans les rangs de l’armée comme simple soldat. Il est nommé sous-lieutenant le 30 mai 1791. Un moment inquiété par la chute de Robespierre, ce républicain fervent allé jusqu’à adopter le nom de Marat se retrouve finalement sans affectation en cette fin d’année 1794, à Paris. A l’aube du 13-Vendémiaire, Barras et un jeune général corse, Bonaparte, demandent un volontaire pour récupérer les canons parqués aux Sablons. Murat se propose.

Il revient avec 40 pièces, qui permettront d’étouffer l’insurrection royaliste.Par ce geste, Murat lie son destin à celui de Bonaparte. Ce dernier le nomme chef de brigade le 2 février 1796 et en fait un de ses aides de camp. A ce titre, Murat l’accompagne en Italie en 1796 où il se signale par sa bravoure. Chargé de porter les drapeaux ennemis au Directoire, à Paris, il est également prié d’intercéder auprès de Joséphine pour qu’elle rejoigne son époux. Il revient de Paris avec le grade de général de brigade. Il participe au siège de Mantoue. Après Campoformio, Bonaparte l’envoie au congrès de Rastatt.

En Egypte, Murat s’illustre à la tête d’une brigade de cavalerie. Après la prise d’Alexandrie (2 juillet 1798) et la bataille des Pyramides (21 juillet 1798), il est le premier à monter à l’assaut de Saint-Jean-d’Acre (28 mars 1799), lors de l’expédition de Syrie. A la bataille d’Aboukir, le 25 juillet 1799, il s’empare personnellement du pacha Mustapha, à qui il tranche deux doigts dans le feu de l’action. Cela lui vaut une blessure peu ordinaire une balle lui traverse la mâchoire de part en part et le grade de général de division. Murat est devenu une figure populaire.

Pourtant, tout au long des années passées ensemble, Bonaparte se montrera abrupt avec celui qui lui a donné des gages de sa loyauté le 18-Brumaire en lançant à ses grenadiers devant les parlementaires éberlués : «Foutez-moi tout ce monde-là dehors !». Bonaparte lui accorde la main de sa sœur Caroline, en février 1800, mais après l’intervention de Joséphine. Il le fait maréchal en 1804, grand amiral et prince l’année suivante, mais semble répugner à lui confier des commandements importants.

Gouverneur de Paris en 1804, Murat signe avec réticence la constitution de la commission qui préside à l’exécution du duc d’Enghien. Il part l’année suivante pour la campagne d’Autriche, à la tête de toute la cavalerie. Après la prise d’Ulm (15-20 octobre 1805), il poursuit les armées russes et autrichiennes le long du Danube. Alors que Napoléon lui ordonne de couvrir les flancs de la Grande Armée, il entre dans Vienne à la tête de ses hommes, le 11 novembre 1805. Napoléon lui fait de sévères remontrances pour cet acte d’insubordination. Murat se rattrape par sa conduite lors de la bataille d’Austerlitz, le 2 décembre.

Napoléon lui accorde le grand-duché de Berg et de Clèves en 1806 ; il lui faut un homme de confiance pour assurer le blocus continental. Murat goûte au pouvoir, s’avère soucieux du bien-être de ses sujets. C’est l’occasion de nouvelles tensions avec l’Empereur, qui le rappelle bientôt dans les rangs. En 1806, en effet, la Prusse, l’Angleterre, la Suède et la Russie ont déclaré la guerre à la France. Murat chasse les Prussiens jusqu’à Leipzig, participe brillamment à la bataille de Iéna le 14 octobre 1806, fait capituler Blücher à Lübeck. Il entre le premier à Varsovie le 28 novembre 1806. A Eylau (8 février 1807), il commande toute la cavalerie française. Sur l’ordre de Napoléon, il lance ses troupes pour repousser le centre russe. Cette charge reste dans la légende sous le nom de «charge des 80 escadrons».

Napoléon offre à Murat la couronne de Naples en 1808, mais à condition qu’il demeure un pion de la politique impériale. Murat a sans doute rêvé du trône espagnol pour lequel il a payé de sa personne. Envoyé en Espagne sans instructions précises, c’est lui qui réprime durement l’insurrection du 2 mai 1808, organise l’exode de Ferdinand VII et Charles IV vers Bayonne. Et cette couronne napolitaine enfin acquise, il tremble de s’en voir décoiffé, à l’instar du roi de Hollande, dont le royaume est purement et simplement annexé à l’Empire en 1810.

Ce roturier s’avère roi consciencieux. Il introduit des réformes, organise une armée… Les frictions avec l’Empereur reprennent, exacerbées par la dissension entre Caroline et Murat, qui se disputent le pouvoir.

En 1812, Napoléon appelle son beau-frère à ses côtés pour la campagne de Russie, à nouveau à la tête de la cavalerie. Durant les six mois de la campagne, Murat sera constamment au contact des armées russes. Lors de la bataille de Borodino le 7 septembre, il charge à la tête de 15 000 cavaliers au devant des canons russes.

Alors que Napoléon est à Moscou, en octobre 1812, il manque de se faire encercler à Taroutino (18 octobre 1812) mais parvient à se dégager. En décembre, Napoléon lui laisse le commandement de la Grande Armée pour rentrer précipitamment à Paris. Murat ne veut pas de ce commandement : il veut sauver son royaume. A Wilna, il perd son sang-froid et abandonne la Grande Armée. De retour à Naples, il écrit à Napoléon pour expliquer sa conduite. Il demande à revenir au service de l’Empereur.

Il revient pour participer à la campagne d’été de 1813 ; Napoléon lui confie le commandement de l’Armée du sud, chargée de contenir les Coalisés de Schwarzenberg. Après la défaite de Leipzig (16-19 octobre 1813), il rentre dans son royaume. En janvier 1814, Murat signe un traité avec l’Autriche.

Au congrès de Vienne de 1815, les généreux subsides qu’il a versés aux diplomates, à Talleyrand notamment, ne servent de rien. Il est question de restaurer les Bourbons sur le trône napolitain. Murat, désespéré, tente des ouvertures de tous côtés ; il écrit une lettre cordiale à Louis XVIII, renoue avec Napoléon exilé à l’île d’Elbe. Ce dernier lui fait part de ses projets de retour. Murat déclare la guerre à l’Autriche dès qu’il apprend le débarquement de l’Empereur. Il occupe bientôt Rome, Ancône, Bologne. De Rimini, il lance une proclamation où il appelle à l’unification de l’Italie. Mais bientôt les troupes autrichiennes, menées par Neipperg, l’encerclent. C’est la défaite de Tolentino, le 21 avril 1815.

Murat doit prendre la fuite tandis que Ferdinand retrouve son trône. Il arrive en France où Napoléon refuse de le recevoir. En Corse, il réunit 600 hommes. Cela lui suffit pour rêver de reconquérir Naples; il s’embarque pour la côte italienne. Débarqué à Pizzo, il est fait prisonnier, incarcéré. Un décret du Roi ordonne à la commission qui le juge de lui laisser une «demi-heure pour recevoir les secours de la religion» avant de le fusiller. 

Murat donne lui-même l’ordre de tirer, le 13 octobre 1815.