Empire

Canon de Montereau

Référence : MONTEREAU

Le canon de Montereau

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  • Canon Montereau etain

Le CANON de MONTEREAU
L’Empereur pointe lui-même son artillerie

Pendant la campagne de France, Napoléon, retrouvant les bottes de 93, organise sa petite armée, de telle sorte, qu’elle bat alternativement les deux colonnes principales de l’ennemi, les Prussiens dans la vallée de la Marne, et les Austro-Russes dans celui de la Seine.
Il est partout, en tête de ses soldats, échappant de peu aux cosaques. Le 18 février 1814, lors de l’attaque du pont de Montereau, il ne résiste pas au plaisir de retrouver son ancien métier d’artilleur et il pointe lui-même une pièce de 12, de l’artillerie à cheval. Aux soldats qui l’entourent, il déclare : "Allez mes amis, ne craignez rien, le boulet qui doit me tuer n’est pas encore fondu !". L’histoire, racontée par des témoins oculaires n’est pas toujours objective, et l’on ne peut se fier aux récits de combattants, n’ayant eu des événements qu’une vision partielle, et souvent par ouï-dire. Ainsi, Napoléon pointant lui-même une pièce de canon est incontestablement un épisode de la campagne de France, mais, il n’en demeure pas moins, que le lieu de la scène est incertain. Une gravure d’époque visible au musée Carnavalet, montre l’empereur pointant un canon, en utilisant la vis de réglage (mécanisme qu’il connaissait fort bien) au centre d’une murette démolie pour y installer la batterie. Mais un bas-relief qu’on peut voir à Montereau de nos jours, explique que le feu des artilleurs ne partait point des rives de l’Yonne, face au pont si âprement attaqué par des dragons venus d’Espagne et la cavalerie de la garde Impériale, mais bien des terrasses du château de Surville où l’état-major avait installé une concentration de 60 canons prenant en file les Wurtembergeois qui chargeaient courageusement à la baïonnette.
Les pièces mises en batterie appartenaient au corps de l’artillerie à cheval de la garde. Les troupes de Schwarzenberg se sont établies solidement sur les coteaux qui dominent le confluent de la Seine et de l’Yonne. Le maréchal Victor reçoit l’ordre à 2 heures du matin d’attaquer sur les deux rives, mais à midi, il n’a pas encore obtenu de résultats décisifs. Napoléon, déçu par la mollesse de son subordonné le destitue de son commandement et donne son corps d’armée au général Gérard.
Le duc de Bellune, mortifié d’avoir abandonné trois pièces de canon à l’ennemi, reste néanmoins au milieu des soldats qu’il n’avait plus le droit de commander. Il monta au château de Surville pour se plaindre du sort qui lui était fait : il avait appris le soir même, la mort de son gendre, le général Chataux, tué à l’ennemi ; il rappela à l’Empereur les souvenirs d’Italie et au comble de l’émotion, les larmes l’empêchèrent de poursuivre... se remettant, il dit alors qu’il allait prendre un fusil et se battre comme simple grenadier, revenant à son ancien métier. Napoléon se radoucit ; ²je ne peux vous rendre votre corps d’armée, puisque je l’ai donné à Gérard, mais prenez le commandement de deux divisions de la garde, et qu’il ne soit plus question de rien entre nous ².
Toujours amateur de belles formules destinées à relancer l’enthousiasme du soldat, après avoir lui-même pointé le canon, l’Empereur déclare : ² l’ennemi fait de vains efforts pour démonter nos batteries, ses boulets sifflent sur le plateau de Surville comme les vents déchaînés ². Son entourage craint pour sa vie, car il est trop exposé aux coups de l’ennemi, toutes les vitres du château volent en éclats : impassible, il ordonne au général Pajol de faire charger Delort ; celui-ci, conscient du peu d’expérience de ses cavaliers s’écria : ² Je crois en vérité, qu’on perd la tête en me faisant charger avec de la cavalerie pareille ! ². Pourtant, derrière l’affût de sa pièce de 12, le général en chef eut le plaisir de voir de jeunes recrues sans instruction militaire, culbuter les bataillons Wurtembergeois, ramenés dans le plus grand désordre dans les rues de Montereau, où les habitants, exaspérés par les pillages et les viols, les fusillaient à travers les soupiraux des caves et du haut des toits de la ville.